Neuroanatomie de la dyslexie et de la dysorthographie

Plusieurs études ont tenté d’expliquer d’un point de vue cérébral les troubles de la dyslexie et de la dysorthographie. La première étude remonte à 1979 lorsqu’Albert Galaburda, neurologue, a examiné le cerveau post-mortem d’individus dyslexiques. Ses données anatomiques acquises ont montré la présence d’ectopies, des amas de neurones dans le lobe pariétal gauche et présentant de surcroît une dysplasie, c’est-à-dire une désorganisation des couches cellulaires (Galaburda & Kemper, 1979). En 1983 Galaburda a de plus montré une symétrie entre le planum temporale gauche et droit chez le sujet dyslexique alors qu’il existe une asymétrie latérale chez le sujet sain dans 65% des cas avec une aire temporale gauche plus développée (Galaburda, 1983). Dehaene (2011) évoque de surcroît que les circuits neuronaux se mettent en place très précocement, lors de la seconde moitié de la grossesse, au moment où les neurones migrent pour former des couches successives de matière grise du cortex cérébral. En revanche, chez les personnes dyslexiques et/ou dysorthographique, certains paquets de neurones ne parviennent pas à leur destination formant alors des îlots d’anomalies qui sont susceptibles de perturber les connexions cérébrales.

dyslexie

Anomalies cérébrales chez les personnes dyslexiques

Selon Giraud & Ramus (2013), si les gènes liés à la dyslexie sont inactivés, ils conduiraient à une migration anormale et à une distribution asymétrique des neurones dans le cortex et, par conséquent, à une interruption de la connectivité et des microcircuits locaux. Des irrégularités neuroanatomiques dans la micro-architecture du lobe temporal peuvent entraîner un syndrome de déconnexion (voies neuronales dysfonctionnelles) impliquant la matière blanche et grise dans le réseau fronto-temporo-pariétal responsable du processus de lecture.

Bien qu’il existe des divergences de données vis-à-vis de cette anomalie structurale, ces premiers résultats ont ouvert un vaste champ de recherche sur les anomalies cérébrales chez les personnes atteintes de dyslexie. Dans les années 2000, des travaux en imagerie cérébrale fonctionnelle ont établi de nouvelles bases concernant le fonctionnement cérébral des individus dyslexiques. Il a alors été démontré que trois régions principales dysfonctionnent chez le cerveau dyslexique : l’aire de Broca ou cortex préfrontal inférieur, le carrefour temporopariétal (aire de Geschwind) et l’aire de la forme visuelle des mots située dans le gyrus fusiforme gauche, à mi-distance entre le pôle temporal et le pôle occipital. Cette dernière zone est considérée comme une zone profondément responsable de l’attribution « d’un statut linguistique aux stimuli visuels que représentent les suites de lettres lors de la lecture » (Habib, 2018). Cette dernière aire semble être l’aire qui se spécialise en tout premier lors de l’apprentissage de la lecture et semble aussi être celle la plus significativement sous-activée chez les individus atteints de dyslexie (Fig. 1).  

Neuroanatomie de la dyslexie
Fig. 1. Représentation synthétique selon Habib (2018) des trois régions émergeant de la méta-analyse des études en imagerie fonctionnelle de la dyslexie de développement.

Troubles dyslexiques et dysorthographiques : Révélations des études en neurosciences sur les dysfonctionnements cérébraux

Utilisant l’IRM fonctionnelle, Temple et al. (2000) ont testé des sujets dyslexiques ou sains avec une tâche de discrimination de stimuli acoustique en fonction de leur fréquence (haute ou basse) et en modifiant l’intervalle séparant les deux stimuli. Ils ont démontré que les individus dyslexiques ne montraient aucune différence d’activation entre la région préfrontale gauche et la région préfrontale droite alors que les sujets contrôles montraient, eux, une activation plus importante de la région gauche (Temple et al., 2000). Concernant les troubles phonologiques, les études de Shaywitz et al. (1998) et Pugh et al. (2000) ont montré notamment une hypo-activation du cortex temporal gauche en corrélation avec les difficultés phonologiques d’individus dyslexiques ayant entre 16 et 54 ans. Les aires principalement touchées par cette hypo-activation étaient plus précisément l’aire de Wernicke, le gyrus angulaire et le cortex strié. Ces études ont aussi démontré une hyperactivation du gyrus frontal inférieur, c’est-à-dire l’aire de Broca.

La dysorthographie n’est pas un problème psychiatrique, elle relève plutôt d’un trouble neurologique, mais il est encore difficile de préciser la cause exacte. Cela dit, tout comme la plupart des troubles DYS, elle n’est pas la conséquence d’un niveau d’intelligence inférieur.
Certaines études menées en neurosciences et en neurophysiologie ont pu apporter quelques réponses. Elles mettent en évidence un dysfonctionnement de certains réseaux du système nerveux cérébral, responsable de la réception, de l’intégration et du traitement du langage aussi bien oral qu’écrit.

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Sources et auteurs

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